En presque 10 ans, la consommation de vin bio dans le monde a doublé. En 2020, en France, le secteur s’est rapproché du milliard d’euros de chiffre d’affaires. En parallèle, les conversions de viticulteurs se sont accélérées et 41 % des Français considèrent que le bio est un critère d’achat. Il y’a toujours eu des modes idiotes, celle-ci n’en est pas une !
Le constat
Il s’agit pour nous d’un tournant. Il ne s’agit pas seulement de nous concentrer sur l’évolution de la demande. Il s’agit surtout de préserver la santé des sols.
Les pesticides sont heureusement très réglementés quant à la santé des consommateurs, bien moins en ce qui concerne les sols. On ne va pas tomber dans les querelles de chapelle pro et contra, mais la vigne qui ne représente que 3,7 % de la surface agricole française consomme 20 % des pesticides, dont 80 % de fongicides.
D’un côté, les fongicides sont bien pratiques contre des maladies comme le mildiou. De l’autre, ils sont particulièrement dévastateurs pour les sols. Les champignons que l’on appelle les basidiomycètes, que l’on retrouve à la surface du sol, ils sont les seuls organismes capables d’attaquer la lignine présente dans toutes les plantes terrestres. Leur action permet que la lignine se trouvant dans les crottes produites par la faune épigée, dont fait partie le ver de terre, qui se nourrit de matières organiques, soit transformée en humus.
Or, l’humus c’est la nourriture offerte par le sol pour les plantes. Bref, sans ces petits lombrics et l’aide de ces petits champignons, la vie dans les sols disparaît. Les sols se meurent, à plus ou moins long feu, mais in fine, ça les crève.
L’atmosphère, le sol et la vigne
Pour faire un bon vin donc, la condition sine qua none c’est d’avoir une bonne matière première, c’est-à-dire un bon raisin. Et, un bon raisin c’est issu d’un bon sol.
La vigne elle puise ses ressources de deux éléments d’une part de l’atmosphère et d’autre part du sol. De l’atmosphère grâce à ses feuilles et du sol par ses racines. De l’atmosphère, ce n’est pas seulement l’air, mais aussi des rayons du soleil que se nourrit la vigne. Grâce à ses feuilles, la vigne va capter à la fois du carbone et de l’oxygène sous forme de gaz carbonique et grâce au soleil elle va pouvoir faire la photosynthèse. Par la photosynthèse, elle va créer le sucre et l’oxygène.
Et ce qui est remarquable, c’est qu’il y a 94 % de la matière sèche de la plante qui provient de l’atmosphère et donc du sol 6 %.
Pour faire simple, si vous laissez desséché votre pied de vigne si vous enlevez tout ce qui est contenu dans le pied de vigne vous allez avoir l’essentiel de la matière sèche, de la matière qui reste, et qui est issue qui a été créée par l’interaction avec l’atmosphère. Ensuite du sol, elle va tirer 6 % de sa matière sèche. Ce n’est pas énorme vous nous direz ! Eh bien, figurez-vous que de ces 6 % tirer des racines, seront tirées tout le goût et la personnalité du raisin. Après tout, à une petite échelle, l’exposition entre deux vignobles et relativement similaire. Pourtant, la qualité d’un vin, elle, peut varier énormément.
Pourquoi faire du bio ?
La qualité du vigneron bien sûr, mais pas seulement. Le sol fait la différence. Il va se trouver que dans le vin, on retrouvera d’une part les atomes de carbone et l’oxygène présent dans l’atmosphère, mais surtout 28 atomes provenant du sol ! Il y’a vingt-huit oligo-éléments que la vigne va pouvoir capter du sol, et ce sont ces oligo-éléments qui vont permettre la synthèse des arômes. Ces oligo-éléments, ce sont des minéraux. Ce qu’il faut bien savoir c’est que les arômes du raisin, ils sont créés par ce qu’on appelle des enzymes. Donc les enzymes ce sont des molécules qui vont rendre possible la réaction chimique qui s’opère dans le vin. Ces enzymes elles se nourrissent d’atomes. Dès lors, la composition du sol va jouer sur le travail des enzymes et donc sur les arômes qui seront créés par les enzymes. Ce sont les fameux tanins !
C’est dire combien les sols sont importants parce qu’ils font la personnalité d’un raisin. Voyez les tomates hors sols, qui manquent cruellement d’arômes. Eh bien, si on ne prend pas soin des sols, on arrive à peu près au même résultat. Notre idée c’est de préserver la qualité du sol, qui est tout à fait essentielle, et quand on a la chance d’avoir un sol merveilleux comme le nôtre, on se doit bien d’y faire un peu attention. Alors désormais, on se met au Bio.