La vallée
Dans la vallée, les nuits humides favorisent le développement de Botrytis Cinerea, un champignon parasitaire responsable de la « pourriture grise ». Cependant, chez nous, on parle plutôt de « pourriture noble ». Avec 550 millimètres à 600 millimètres d’eau chaque année, on peut parler d’une relative aridité à Bonnezeaux. Pendant le cycle végétatif de la vigne, il pleut en moyenne 100 millimètres de moins que dans le reste du département bien que cela soit toujours moins que sur les reliefs du Choletais et des mauges, qui eux peuvent voir jusqu’à 800 millimètres annuels. Les brumes matinales du Layon favorisent alors la surmaturation et le développement du botrytis sur les grains. Ainsi lorsque le botrytis se développe, il le fait sur des baies déjà matures et entre dans une collaboration symbiotique avec le raisin. La botrytisation des grappes permet à ces champignons de se nourrir de l’eau des raisins, ce qui augmente leur teneur en sucre.
Lorsqu’un rayon pointe sur le sillon, il surgit alors tout un fouillis d’arbustes exotiques qu’accompagne le chant des cigales. On se demande bien comment qu’on a bien pu tomber dans un décor de Pagnol au plein Anjou ?
Depuis sa source dans les Deux-Sèvres le Layon serpente et pénètre les frontières du Maine-et-Loire sur les roches sédimentaires du bassin parisien pour s’échapper parmi les assises robustes du Massif armoricain. Cette vallée, d’abord douce et accueillante révèle une discontinuité géologique singulière.
Entre Thouarcé et Beaulieu, les vignes dominent chaque coteau. Vers Saint-Aubin-de-Luigné, les vignobles ondulent sur la rive droite entrecoupée par les villages et les moulins. Tandis que sur l’autre rive, une falaise quasi verticale s’impose.
La flore
En aval, la vallée se gonfle. Les frênes oxyphylles, dits frênes « du midi » pullulent jusqu’à ce que la rivière se fonde dans la Loire aux abords de Chalonnes.
Sur les coteaux baignés de lumière, à côté des vignes, on trouve une multitude de petites pousses qui se cherche de la lumière et de la chaleur pour pouvoir grandir. On les appelle alors plantes héliophiles et thermophiles. Hélios le titan du soleil, Thermos celui du café. Bref, ces petites choses délicates ne sont pas tout à fait supposées se trouver dans nos confins.
Parmi celles-ci, la Gagée de Bohême, une petite discrète, mais remarquable par ses fleurs jaunes, et le Trifolium bocconei Savi ou Trèfle de Boccone, commun sur les pelouses siliceuses d’Italie mais rare dans l’Hexagone.
Sur les versants calcaires poussent des Astérocarpes faux sésames, ou juste faux sésames, que l’on trouve surtout et Aveyron et des Phalangères à fleurs de Lis. La tulipe sylvestre pousse dans les rangs de vigne et la Fritillaire pintade jonche de ses clochettes les bas-fonds verdoyants.
La faune
L’été, les cigales argentées chantent accompagnées des stridulations des rouges et turquoises, des criquets aux ailes chatoyantes camouflés comme des militaires. À la nuit tombée, l’Alyte accoucheur, ce crapaud aride, entonne son chant flûté que Jules Renard appelait le « soupir d’une petite âme ».
Les papillons rebondissent sur les zéphyrs, on trouve des variétés bigarrées, des Tircis et Myrtil aux azurés bleu ciel et aussi le Paon-du-jour, tout en couleur, ou encore l’Ascalaphe ambré, étrange volatile mi-papillon mi-libellule.
La Bergeronnette des ruisseaux virevolte joyeusement dans la lumière. Les pentes rocheuses offrent refuge à quelques faucons pèlerins, l’animal le plus rapide du monde ! Et dans la nuit, la discrète Genette commune, ce petit renard léopard qui grimpent aux arbres, profite de l’obscurité pour sortir chasser.
Le Layon, rivière et vallée, s’offre à ceux qui prennent le temps de l’explorer ! Ceux qui guettent et sont à l’affût de ses trésors.