La consigne
La consigne c’était la norme ! Jusqu’aux années 60 en tout cas, puis la révolution plastique a pris le dessus. Tout change en 1963 et l’invention du polypropylène et du polyéthylène. Tout devient négligeable, on abandonne la consigne pour le tout jetable. Sacs jetables, bouteilles jetables, pots jetables, couverts, vêtements, etc. Il s’est immiscé partout, jusqu’à former son propre petit continent grand comme trois fois la France !
Dès lors, il fallait agir ! Assez mal, comme toujours, puisque les collectivités qui venaient d’investir dans des systèmes de recyclages traditionnels se trouvent fort dépourvues. Elles auraient pu mieux investir si seulement on les avait prévenues plus tôt.
La France en 2024 expérimentera ce que connaissait la France d’avant 1960, mais dans une version actualisée de la consigne. Pendant deux ans, il faudra passer par les distributeurs « volontaires » pour tenter l’expérience et reprendre les emballages vides réutilisables rapportés par leurs clients. Après quoi, tous les supermarchés et les hypermarchés devront s’y mettre.
Consignez-vous.
Y’a de quoi se réjouir un peu, le recyclage du verre marche très bien en France. Environ 80 % du verre est recyclé, et une bouteille est 100 % recyclable ! Si bien que c’est un des matériaux les plus écologiques. On ne nous reprochera pas d’avoir du verre si on le recycle. Pas parfait néanmoins, la fusion du verre c’est à 1500°, faut donc beaucoup chauffer et beaucoup consommer d’énergie, forcément.
Alors, si en plus on fait attention à nos bouteilles. On peut presque commencer à croire que tout n’est pas perdu. La bouteille consignée n’a besoin que d’eau chaude.
Par rapport au recyclage traditionnel, la consigne permet d’économiser 50 % d’eau, 76 % d’énergie et 80 % de gaz à effets de serre. Pas besoin d’utiliser les fours à 1500°, pas besoin de refaire des bouteilles à partir de calcin (le verre recyclé) et des matières premières (sable, calcaire, silice…).
Et si ce n’était pas déjà assez d’arguments, le verre pur, lui, n’est pas du tout nocif ni pour nous ni pour les sols. N’achetez donc plus que du verre, le nôtre surtout, on en a tout un choix. En plus, une bouteille de vin rouge se recycle aussi bien qu’une bouteille de vin blanc.
Petite histoire du verre :
Y’a une histoire immense du verre, comme pour celle du vin. Question âge, 6000 ans chacun, les jumeaux de Mathusalem. Si les deux sont à peu près du même temps, on n’a pas embouteillé tout de suite. Il a fallu bien des années avant que les Canons puissent mettre du gamay, du cabernet ou du chenin en bouteille. Il a fallu d’abord l’amphore, l’outre, la jarre, le tonneau, le tonnelet, etc. Le verre c’était délicat, on l’utilisait pour décorer ou faire de jolies boucles d’oreilles.
La bouteille naît en 1623 et on commence à mettre le vin en bouteille dès le 17e siècle. À la fin du 18e tout change avec la révolution industrielle. D’immenses fourneaux tournent, le jour, la nuit, tous les autres jours et toutes les autres nuits. Les verreries pullulent. La matière noble se démocratise, elle devient bon marché et rentre très vite dans les usages courants.
À cette époque, on standardisera nos échanges avec les Anglais pour adopter la bouteille de 75 cl. Les producteurs utilisaient des barriques de 225 litres, soit 50 gallons impériaux. De ces 225 litres, on obtient 300 bouteilles de 75 cl. De cette époque naît également la consigne. Plus la vie est rude, moins on gâche. Alors, quand la vie est devenue plus facile, on a commencé à faire de moins en moins attention…