Ils furent si importants que Pline l’Ancien leurs attribuait la découverte du verre. Il disait qu’au sud de Tyr, un bateau phénicien fut amarré. Les marins descendirent sur la côte et se servirent de moellons de nitrate de potassium afin de protéger leur feu. Après l’opération ils s’aperçurent que le nitrate s’était dissous et amalgamé avec le sable fin de la plage. L’ensemble fut d’un effet remarquable de couleur, de forme et d’aspect. Cela aurait été la première révélation du verre.
Or, c’est sans doute relativement très contestable comme histoire. Les archéologues pensent que des récipients en verre creux étaient fabriqués vers 1500 av. J.-C. en Égypte. Que la technique se serait ensuite perdue, pour réapparaître au 8e siècle av. J.-C. dans la même région, ainsi que dans la Phénicie voisine.
La découverte ou redécouverte phénicienne consistait à tremper un sac de sable dans du verre en fusion, à modeler la forme du verre en le faisant rouler sur une surface plane en pierre, puis, une fois le verre refroidi, à vider le sable.
Bien plus tard dans la même région, on aura l’idée de souffler dans le verre – peut-être en Syrie, peut-être en Phénicie – vers le 1er siècle av. J.-C., d’où elle s’est répandue, suivant l’expansion de l’Empire romain, dans toute l’Europe.
Mais déjà au 1er siècle av. J.-C., la puissance phénicienne s’était évanouie, les conquêtes d’Alexandre le Grand en avaient amorcé le déclin, les Romains ont fait le reste.
Une lente évolution.
Dans la Rome antique, l’ampulla désigne un vaisseau(récipient) de toute forme ou de toute matière, mais le plus souvent un vase au long col étroit (pour une bonne prise), au goulot petit, à l’épaule bien marquée et au corps en forme de sphère assurant une bonne assise. La forme des bouteilles évolue et devient plus cylindrique pour en faciliter l’entreposage et le transport.
Au 4e siècle, le fond plat est progressivement remplacé par un fond piqué qui assure une meilleure stabilité. Ce culot concave s’est ensuite généralisé.
Peu à peu, l’ampulla devient la buticula – petite amphore-, qui donna le mot « bouteille ».
1632 Annus mirabilis.
On est taquin avec nos ennemis d’outre-Manche, mais on l’a souvent dit chez Les Canons, on leur doit beaucoup. Des siècles durant, il n’y a pas eu peuple plus innovateur que celui d’Angleterre. À ’industrie hégémonique ! Bien sûr, la France se défendait aussi. Mais il en est des innovations qui tout à coup conduisent la destinée de milliers d’hommes et qui en touchent des millions !
Ce fut le cas de celle de Sir Robert Mansell, Lord John Scudamore, Sir Kenelm Digby ou du Capitaine Silas Taylor. Un peu oubliés à la postérité – pas qu’en France, aussi en Angleterre – pourtant pas question de Champagne ni de vins effervescents sans eux. Il faut le dire, pas de Canon brut, pas de bulles qui remontent en cascade et explosent par milliers contre le palais. Bref, une bonne partie de la joie du monde qui n’existerait pas.
Tout cela grâce à l’invention du « verre anglais », lequel plus robuste est seul capable de résister à la pression titanesque des bulles. On parle de 6 atmosphères contenues dans une bouteille ! Rendez-vous compte ! 607950 pascals ! Ce verre contient le « vin du Diable », celui dont le cortège infernal de bulles faisait exploser en éclats les bouteilles trop fines, trop fragiles. Plof ! Blinc ! Boum ! Ça n’est pas rien de contenir le diable et ça procure beaucoup de joie dans le monde.
Là où les Anglais mettaient du cidre, les Français y ont mis du vin. Ensuite, le génie de Dom Pérignon fut de découvrir qu’il était possible de procéder à une seconde fermentation dans ces bouteilles.
Les Canons portent ces 3000 ans d’histoire du verre et y mettent du Chenin et du Chardonnay pour en faire de délicieux Crémants-de-Loire.