Le Chenin, le cépage Roy

Chenin
Oyez, oyez ! Passe ton chenin ! Le Chenin en chêne dans le chai chez les Canons !

Une origine ambiguë.

C’est tout fouillis cette histoire. Personne pour se mettre d’accord. Tantôt il vient d’ici, tantôt de là-bas, Égypte, Grèce, Italie, Espagne, Mont Chenin près de Chenonceau, Saint-Maur-de-Glanfeuil, Comery… Peut-être alors qu’il vient de chez les Canons ? Qui sait ?

Il prend alors différents noms : Anjou, plant d’Anjou, pineau de la Loire, gros pineau en Val de Loire, bon blanc… On ne sait pas s’il s’agit bien de notre chenin. Dans cet embrouillamini de noms et d’histoire, y’a tout de même un peu de choses que l’on sait.

Il descend du Savagnin, ce qui nous pousse à croire que le cépage aurait fait son apparition au XVIe siècle entre l’Anjou et la Touraine. Il est mentionné pour la première fois par Rabelais comme un onguent miracle :

« Ce faict, et bergiers et bergieres feirent chere lye avecques ces fouaces et beaulx raisins, et se rigollerent ensemble au son de la belle bouzine, se mocquans de ces 45 beaulx fouaciers glorieux, qui avoient trouvé male encontre par faulte de s’estre seignez de la bonne main au matin, et avec gros raisins chenins estuverent les jambes de Forgier mignonnement, si bien qu’il feut tantost guery. »

Le Chenin possède de nombreux demi-frères, parmi lesquels le Sauvignon ou encore le Verdelho de Madère dont les proximités avaient d’ailleurs été remarquées grâce à la perspicacité des vignerons d’antan.

Pas trop disparate, sur les 9 800 ha cultivés en France, 9 100 ha sont dans le Val de Loire dont 5 000 en Anjou-Saumur. Beaucoup en Afrique du Sud, le « steen » qu’ils l’appellent là-bas, mais c’est bien plus grand que l’Anjou ! Restons ici alors.

Le chenin aujourd’hui, en Anjou, c’est 4 % de secs, 7 % de liquoreux, 14 % de bulles.

Trésor à l’existence précaire, sa surface a diminué de moitié en Anjou en 50 ans. Grande déréliction du chenin au siècle dernier, mais finalement, le chenin reprend de son jus. C’était surtout la crise des vins moelleux et liquoreux des années 1960 et 1980 qui lui ont fait du mal, amputé de 7000 ha. Les surfaces plantées ont quand même diminué de moitié dans le monde depuis 1990. En Anjou, il tente de résister fièrement.

Caractéristiques.

Le Chenin est poilu à l’extrémité du jeune rameau, très poilu, broussailleux, doux pas hirsute !

L’identification du Chenin :

– à l’extrémité du jeune rameau qui présente une très forte densité de poils couchés,

– aux jeunes feuilles à plages bronzées,

– aux feuilles adultes à trois ou cinq lobes, avec un sinus pétiolaire ouvert à peu ouvert ou à lobes légèrement chevauchants, des dents moyennes à côtés convexes, une forte pigmentation anthocyanique des nervures, un limbe bullé, de couleur vert foncé, et face inférieure, une densité moyenne des poils couchés,

– aux fleurs qui sont hermaphrodites,

– aux baies qui sont de forme elliptique avec présence de pépins.

Le Chenin est un cépage à baies « blanches » et il existe aussi une mutation à baies roses que l’on trouve en Afrique du Sud.

Certains ceps de Chenin sont polymorphes, c’est-à-dire qu’ils peuvent ne pas se ressembler. La villosité change parfois, comme le regretté mammouth, il existe un « Chenin à poils laineux ». La coupe de feuilles adultes varie selon les goûts des ceps, la pigmentation aussi, et pleins d’autres choses, la taille des grappes et la forme des baies pouvant être parfois très allongée, ovoïde, pointue « Tite de crabe », rien à voir avec le crustacé, en Gascon cela veut dire « tétine de chèvre ».

Les grappes de Chenin sont moyennes à grosses, coniques, parfois ailées (avec un ou deux ailerons) et elles peuvent être très compactes. Les baies sont petites à moyennes.

Les vins.

Le Chenin peut donner selon les types de sols (calcaires vs. schistes par exemple), leur fertilité agronomique et les conditions de culture, soit des vins effervescents, soit des vins secs, soit des vins liquoreux.

On en obtient des vins élégants, généralement assez vifs, nerveux, avec la présence possible d’arômes floraux (acacia, aubépine, tilleul,…), fruités (coing, mirabelle, agrumes, goyave,…), et de miel.

Chez les canons on en fait notre Canon brut – Le Chenin, ou notre vin Canon Blanc « Montagne » sur coteau de Bonnezeaux.

Finalement, ça représente quoi le chenin pour les vignerons angevins ?

« C’est un peu bizarre… Tous, pratiquement, nous portons le ch’nin en bandoulière, c’est notre fierté, notre identité. Mais c’est aussi un peu notre fantasme… Nous vivons sur la lancée de notre histoire sans doute pluriséculaire avec ce cépage, comme s’il était encore LE cépage majoritaire de l’Anjou, comme s’il était reconnu mondialement comme un grand cépage, et de l’Anjou. Il est vrai qu’en France, l’Anjou est le cœur du chenin. Mais la réalité est toute autre : aujourd’hui, les vins de chenin ne pèsent plus qu’un peu plus de 20 % des vins angevins. » Patrick Baudouin Président de l’Anjou blanc.

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