Les origines.
Dans la Bible, c’est à Noé que l’on doit la viticulture. « Noé, homme de la terre, fut le premier à planter la vigne. » (GN 9, 20). De ces arbres nouveaux, il goûta le jus des beaux fruits et découvrit l’ivresse. « Il en but le vin, s’enivra et se retrouva nu au milieu de sa tente. » (GN 9, 21).
Les contemporains de Jésus réservaient le vin pour les jours de fête. Le vin tournait facilement au vinaigre et était coupé avec de l’eau comme chez les Romains.
Le vin prend toute son importance à Pâques d’abord dans la religion juive puis chez les chrétiens. Ça n’est sans doute pas anodin si la « fille aînée de l’Église » est tellement reconnue grâce à ses vins.
Dans la tradition hébraïque.
Lors des célébrations, les prêtres du temple de Jérusalem, les cohanim, disposaient les pains sur une table d’or, symbolisant ainsi l’« alliance éternelle » qui lie Dieu et son peuple. Ils versaient le vin sur l’autel pendant les libations et donnaient en offrande les premiers grains de blé, d’orge et de raisin signe de leur gratitude envers Dieu.
Durant le Séder, le repas rituel de la Pâque partagé à la maison, quatre coupes de vin sont bénies. Ces coupes servent à rappeler les quatre phrases du Livre de l’Exode (6, 6-7) : « Je vous ferai sortir loin des corvées qui vous accablent en Égypte. Je vous délivrerai de la servitude. Je vous rachèterai d’un bras vigoureux et par de grands châtiments. Je vous prendrai pour peuple, et moi, je serai votre Dieu. » Elles symbolisent les promesses que Dieu a tenues envers son peuple.
Une cinquième est servie, appelée « la coupe de la délivrance », mais elle n’est pas bue. Cette cinquième coupe de vin est celle que l’on sert pour le prophète Élie. Dans la tradition juive, Élie annonce les temps messianiques, c’est-à-dire la venue du messie, la fin du temps chronologique, la royauté de Dieu et la paix de l’humanité.
Il est cependant difficile d’aborder le vin à Pâques sans dire aussi quelque chose du pain.
Le pain.
Qu’il s’agisse de la Pâque juive ou de la Pâques chrétienne, le pain revêt une symbolique très forte.
Dans la tradition hébraïque, le pain de Pâque n’a pas de levain, c’est le pain azyme, plat, dense et souvent fade comme un biscuit sec. C’est en commémoration de l’empressement des Hébreux fuyant l’Égypte et l’armée de Pharaon. C’est pour cette même raison que l’hostie est une galette de pain azyme.
La Cène, le pain et le vin.
Le jour de la Pâque juive, Jésus réunit ses disciples au cénacle de Jérusalem. Conscient de l’imminence de sa condamnation à mort et de la trahison de Judas, il rendit grâce et dit :
« Prenez ceci et partagez entre vous. Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. » Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. » (Luc 22:17-20)
Jésus bénit le pain et le vin et donne à ces gestes une réalité et un sens totalement nouveaux : ils deviennent son corps et son sang offerts pour le salut de l’humanité. C’est la transsubstantiation. Le Christ demande aux Douze d’accomplir ces mêmes gestes en mémoire de lui, ainsi sa parole reste vivante. La suite est connue et les prêtres lors de chaque messe reproduisent l’Eucharistie.
L’expérience de Noé s’endormant nu un instant à peine après avoir découvert le vin eut quelques conséquences. Saint Paul mettra en garde les Éphésiens : « Ne vous enivrez pas de vin, car il porte à l’inconduite ; soyez plutôt remplis de l’Esprit Saint. » (5, 19) La Bible n’a eu de cesse de rappeler ce slogan « à consommer avec modération », slogan que l’on nous martèle sans modération.
Joyeuse Pâques !